Je claque la porte de mon appartement et retire ma veste en soupirant. Il est tard. La soirée est déjà pas mal avancée, mais je ne vais pourtant pas me coucher tout de suite. J'ai un devoir à terminer pour demain.
Traversant le salon, je vais dans ma chambre et me laisse tomber lourdement sur mon lit. Rebondissant légèrement sur le matelas, je ferme les yeux et passe une main sur mon front, repoussant quelque mèches de cheveux.
Soudain, un bruit me fait me redresser. Je tourna la tête et voit mon téléphone portable vibrer sur la table de nuit, juste à côté de mon lit.
Ah, c'est dont là qu'il était! Je pensais l'avoir perdu et j'ai rabattu les oreilles de Megara, a meilleure amie, sur le fait que je devrais en acheter un autre et que c'était trop cher! Argh, quand je vais lui dire que je ne l'avais pas perdu mais juste oublier, soit elle va se mettre légèrement en colère...soit elle va se moquer de moi! Ou alors les deux.
Haussant les épaules, je réponds. C'est ma messagerie.

"Vous avez deux nouveaux messages. Aujourd'hui, à 10h12"

"Bonjour mon ange, c'est maman. Eh bien, cela fait au moins quinze jours que je n'ai pas de nouvelles alors hum...Rappelle moi, juste pour que je sache que tout va bien. Bisous. Je t'aime."

Mes yeux s'écarquillent. Déjà deux semaines?! Avec toutes mes préparations aux examens et aux sorties que je fais, je n'ai même pas penser à téléphoner à ma mère!

" Second message. Aujourd'hui, à 13h44"

"Chérie, c'est encore maman! Est-ce que tu es libre, dimanche? Parce que, tu sais, c'est l'anniversaire de ton père...Je suis sûre qu'il serait très content de te vois. Et il m'as promis de faire des efforts. Alors, réfléchis-y, d'accord? Bon, je te laisse! N'oublie pas de me rappeler. Bisous!"

Un fort sentiment de culpabilité de me prend. Je n'ai pas été très cool vis à vis de ma mère, ces derniers temps. Entre le fait que je quitte la maison et que je coupe les ponts avec mon père...Je l'avais sans doute délaissée, alors que ma haine n'est pas du tout dirigée contre elle.
Mon père a toujours été le plus dur. Toujours à m'imposer ses choix, diriger ma vie. Quand j'étais petite, j'acceptais sa façon d'être et c'était tout à fait normal.
Mais quand je suis entrée dans l'adolescence, j'ai trouvé ça injuste. Il me poussait sans arrêt, voulait que j'ai les meilleures notes, que je sois toujours plus forte, toujours plus intelligente que les autres.
J'avais un couvre feu, même le week end, et avait le droit de ne voir que certaines personnes, que mon père m'avait autorisé à côtoyer. Il était un vrai dictateur et je pense qu'il l'est toujours. Sauf que là, il n'a plus rien à contrôler, a part peut-être sa femme.
Sauf que, connaissant maman, elle ne se laissera pas faire longtemps.
Aller à son anniversaire dimanche, avec tous les conflits, toutes les disputes que l'on a...Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

Si, il y a quelque mois, on m'avais dit que je serais obligée de déménager précipitamment, je pense que je ne l'aurais cru qu'à moitié.
Depuis mes quatorze ans, je suis en conflit permanent avec mon paternel, donc ça ne date pas d'hier.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est quand j'ai annoncé à mes parents que je n'irais peut-être pas à l'Université.
Ma mère est restée sans voix, sa fourchette à la main. Papa a failli s'étouffer avec son morceau de poulet.
Puis une énième dispute à débuté. Mais en mille fois plus forte que toutes les autres réunies.
Il ne cessait de me hurler que j'étais une irresponsable, sans avenir. Je lui criais en retour que je voulais être photographe et que j'allais le devenir.
Il m'as traitée de petite conne. Je lui ai adressé un fuck et je suis sortie de la maison en claquant la porte, comme la nuit où je me suis rebellée pour la première fois.
Sauf que je ne suis jamais revenue. J'ai passé quelques nuits chez Megara, le temps de trouver un petit appartement et un job à mi temps.
Et depuis ça, papa et moi, on ne s'est plus revus, ni parlé.

Lassée, je raccroche et repose mon téléphone où je l'ai trouvé avant de me lever et de me diriger vers ma toute petite salle de bain.
Après ma douche, j'appellerais maman et je lui dirait que je viens dimanche. Mais, anniversaire ou pas, ce ne sera pas pour mon père que je le ferais. Ce sera pour elle.